Titre
Description

Cette étude examine la participation sociale des immigrants d’expression française (IEF) (dont
les immigrants économiques, de la catégorie de réunification familiale et des réfugiés) dans trois
sites communautaires différents – un centre communautaire, une association immigrante et une
église chrétienne multiculturelle – à Ottawa, une communauté francophone en situation
minoritaire (CFSM) désignée en Ontario. Nos trois principaux objectifs étaient d’examiner de
façon critique: (1) pourquoi les IEF participent dans différents sites communautaires et les
facteurs qui façonnent leur participation; (2) l’agentivité des IEF dans ces processus, leurs
motivations et leurs attentes, ainsi que le rôle que joue leur participation dans les sites
communautaires pour leur intégration à long terme, en tenant compte de l’intersectionnalité de
marqueurs identitaires tels que la catégorie d’immigration, la langue, l’ethnicité et la
race, le genre et la classe sociale; et (3) le rôle du contexte structurel dans l’élaboration de la
participation des immigrants francophones, y compris le contexte socio-historique et
géographique d’Ottawa et le contexte institutionnel des trois sites communautaires sélectionnés
(par exemple, les discours, les programmes, les pratiques), y compris leur ouverture à l’inclusion
et à la représentativité de la diversité de la communauté.
Nous avons adopté une méthodologie d’ethnographie critique qui inclut quatre étapes combinant
différentes méthodes de collecte de données. Pour l’étape 1, nous avons procédé à une revue de
la littérature au sujet de la participation sociale des immigrants avec une emphase sur les
expériences des IEF en situation minoritaire. À l’étape 2, nous avons complété des observations
participantes dans les trois sites communautaires francophones distincts sélectionnés pour
l’étude. Nous avons aussi mené 35 entretiens individuels approfondis avec des IEF qui ont été
recruté parmi les trois sites. Lors de l’étape 3, nous avons mené quatre entrevues avec des
informateurs clés. Enfin, lors de l’étape 4, nous avons complété l’analyse et l’interprétation des
données.
La présentation des résultats est organisée autour de trois thèmes principaux. Premièrement, nous
examinons les motivations de la participation sociale des IEF tout en portant une attention
particulière aux facteurs qui facilitent (facilitateurs) et/ou qui entravent (barrières) leur
participation. Deuxièmement, nous décrivons les expériences de participation sociale, dont les
expériences positives et négatives des participants au sein des espaces communautaires
francophones à Ottawa. Troisièmement, nous présentons les bénéfices et les résultats de la
participation sociale, mettant une emphase spéciale sur le développement du capital social.
Enfin, une discussion comparative se penche sur les différences et similitudes de la participation
sociale des IEF dans les trois sites communautaires et les différents rôles que ces espaces
francophones jouent dans la participation et l’intégration des IEF en contexte minoritaire.
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La dernière section offre des recommandations tirées des entrevues avec les participants de
l’étude dans le but d’améliorer la participation sociale des IEF. Ces recommandations sont
regroupées autour de trois thématiques : 1) celles concernant comment mieux soutenir les
nouveaux arrivants francophones, 2) celles visant à améliorer le rôle des organismes et des
institutions francophones et 3) celles touchant les communautés plus larges (par ex. la
communauté d’accueil, la communauté ethnoculturelle, etc.). Suite à cela nous ajoutons des
recommandations plus générales qui ont été développées sur la base de l’analyse des données
générées par l’étude dans son ensemble.
Parmi les résultats saillants de l’étude, nous soulignons un certain nombre de caractéristiques des
sites communautaires francophones en situation minoritaire qui sont ressortis comme importants
pour la participation sociale des IEF et qui devraient être soutenues et promues par le
gouvernement et la société canadienne plus large. La première est la visibilité de ces sites
communautaires étant donné leur nature « minoritaire » dans un contexte de majorité linguistique
anglophone. Ensuite, l’accessibilité physique et sociale des sites communautaires francophones
est essentielle pour faciliter et assurer la participation sociale des IEF et donc les divers bénéfices
de cette participation pour leur intégration et participation dans la société canadienne en général
et à long terme. De même, l’inclusion et l’ouverture à la diversité sont apparues comme des
éléments facilitateurs de la participation sociale des IEF en rendant les sites communautaires plus
accueillants et en offrant des espaces plus sûrs culturellement (culturally safe). Il est donc
recommandé de développer une gamme de politiques et de pratiques pour améliorer encore plus
l’ouverture, l’accessibilité et l’inclusion des sites communautaires francophones. La
représentation de la diversité communautaire peut aussi jouer un rôle de facilitateur pour la
participation sociale des IEF, et ce non seulement parmi les clients, membres et bénéficiaires des
sites communautaires francophones, mais aussi dans des postes de pouvoir ainsi que parmi le
personnel. D’autre part, la versatilité des programmes, services, activités et opportunités offertes
par les sites communautaires francophones peut assurer une meilleure couverture des besoins
diversifiés des IEF tout en leur permettant de choisir les formes d’engagement qui les interpellent
et de les exposer à divers aspects de la vie et de la société canadienne. La prise en compte de ces
caractéristiques des sites communautaires francophones en situation minoritaire pourrait
contribuer à renforcer les expériences et les résultats positifs liés à la participation sociale des
IEF. Pour ce faire, des programmes de financement spécifiques seraient nécessaires et des
partenariats entre les parties prenantes pourraient être mis en place pour assurer le
développement et la coordination de structures et de pratiques encourageant la participation
sociale des IEF en contexte minoritaire.
Pour conclure, cette étude a mis en lumière l’importance de la participation sociale des IEF dans
divers sites communautaires francophones en contexte minoritaire pour soutenir leur
participation et intégration dans les communautés multiples auxquelles ils appartiennent : que ce
soit les communautés ethnoculturelles, la communauté francophone et la communauté
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canadienne plus large. En effet, il est apparu qu’une motivation importante de la participation
sociale des participants à l’étude est de « redonner » à la communauté au sens large et sans faire
de distinction entre elles, ce qui suggère que dans leurs expériences ces communautés ne sont pas
vécues comme des entités distinctes et donc qu’ils développent un sens de l’appartenance fluide
et multiple. Les résultats démontrent clairement que les espaces communautaires francophones
sont essentiels au soutien de l’intégration non seulement sociale mais aussi économique,
culturelle et même politique des IEF en permettant une variété de types de participation sociale.
Plus spécifiquement, il apparaît que la participation sociale contribue au sentiment
d’appartenance et d’inclusion des IEF et aussi au développement de réseaux sociaux,
informationnels et professionnels, et donc au capital social dont ils ont besoin pour faciliter leur
participation et intégration en général.

Type de document
Rapports de recherche
Auteur
Suzanne Huot
Langue
Français