Depuis les années 1990, les Communautés Francophones
en Situation Minoritaires (CFSM) ont de plus en plus
considéré l’immigration comme un moyen de combattre
le déclin démographique par l’entremise de l’accueil,
l’intégration et la rétention des immigrants francophones.
Cette stratégie est soutenue par le gouvernement
fédéral, qui a alloué du financement aux CFSM à cette
fin. Cependant, pour réussir à retenir les immigrants
francophones, les CFSM doivent offrir un continuum
de services à travers divers secteurs au-delà des services
d’établissement seuls. La recherche sur les expériences et
les besoins des immigrants francophones dans ces secteurs
demeure limitée.
La santé est un des secteurs où la recherche sur les
immigrants francophones est peu développée. La
littérature portant sur les besoins en santé des immigrants
au Canada suggère que, de manière générale, les nouveaux
arrivants arrivent en meilleure santé que les personnes
nées au Canada. En revanche, cet avantage en santé risque
de disparaitre au fur et à mesure que l’immigrant reste au
Canada. Ce déclin est causé par une gamme de variables
sociodémographiques et socioéconomiques, y compris,
mais ne se limitant pas au genre, le revenu, l’emploi, la
langue et la discrimination.
Cette étude examine le rapport entre ces variables et la
santé des immigrants francophones en C.-B.. Elle combine
diverses méthodes de récolte des données : i) une revue
de la littérature sur la santé des immigrants au Canada et
la santé des francophones habitant en dehors du Québec;
ii) le traitement et l’analyse des statistiques générales sur
l’immigration francophone en C.-B.; iii) un sondage en
ligne des immigrants francophone; iv) des entrevues
semi-dirigées avec des intervenants de la communauté
francophone; et v) un groupe de discussion avec des
intervenants de première ligne qui donnent un service
direct aux immigrants francophones.
Les résultats de cette étude indiquent qu’en général les
immigrants francophones considèrent que leur santé
générale et leur santé mentale sont bonnes. Cependant,
moins d’immigrants francophones considèrent leur santé
mentale comme bonne comparée à leur santé générale
On trouve également que plus d’immigrants francophones
considèrent leur santé mentale comme mauvaise comparée
aux immigrants en C.-B. de manière générale et ils ont
tendance à sentir un déclin de leur santé par rapport à leur
arrivée au Canada.
Les variables liées à la langue, au genre, à l’emploi, au revenu,
au stress et aux interactions sociales sont significativement
associées à la santé. Pour la santé mentale, les variables liées
à la langue, l’âge, le genre, le stress, l’isolement social, la
sensibilité culturelle et la discrimination ont les plus grands
effets. On voit également une association significative
entre la santé générale et la santé mentale. En effet, les
immigrants francophones qui se sentent généralement
en mauvaise santé sont plus enclins à se dire en mauvaise
santé mentale.
Les données des entrevues et du groupe de discussion
nous ont fourni des connaissances sur la nature des
mécanismes qui s’opèrent derrière ces associations. Les
participants ont suggéré que les immigrants manquent
souvent de connaissances au sujet du système de santé en
C.-B. et sont donc incapables d’y naviguer efficacement.
De plus, les immigrants arrivent souvent avec différentes
connaissances des soins de santé et des pratiques sanitaires
au Canada. L’écart entre ce qu’ils attendent des soins de
santé et ce qu’ils reçoivent peut créer une méfiance envers
le système et une réticence à s’y engager à nouveau.
En outre, la santé n’est pas toujours vue comme une
priorité par les nouveaux arrivants. Le coût de vie en C.-B.,
particulièrement dans le Grand Vancouver, fait que l’emploi
et le revenu sont souvent les préoccupations principales
des immigrants francophones. Néanmoins, le stress qui en
résulte peut créer une spirale infernale où la santé affecte
l’emploi et le revenu, qui à leur tour affectent la santé.
À partir des effets directs sur la santé, les immigrants
francophones, de manière générale, ont des connexions
faibles à la communauté francophone. Vu l’association
significative entre les variables de santé et de connexions
sociales, cela suggère que la communauté francophone
pourrait faire un meilleur travail pour combler les besoins
de connexions sociales des immigrants francophones
en les encourageant à s’intégrer à la communauté. Ces
connexions sont encore plus importantes si la communauté
francophone veut maintenir sa vitalité en intégrant les
immigrants francophones.
Afin de combler les besoins des immigrants francophones
en matière de santé, ce rapport présente 9 recommandations
générales pour RésoSanté Colombie-Britannique, la
communauté francophone dans son ensemble et les
partenaires non francophones et gouvernementaux.