Le thème de l’immigration est central au Canada, surtout dans les grands centres urbains. Or des
initiatives et des politiques publiques tendent de favoriser une immigration francophone dans d’autres régions moins densifiées du Canada, notamment, au Nouveau-Brunswick. Dans ce contexte, nous examinons, l’utilisation et la mise en œuvre de l’échelle d’i-préparationMC pour communautés conçue par la firme Diversis. Cette échelle permet de mesurer le degré de préparation d’une municipalité à accueillir et intégrer des nouveaux arrivants. Plus spécifiquement, il s’agit de s’intéresser ici aux retombées de l’échelle dans le paysage social du développement communautaire et de l’accueil des nouveaux arrivants dans le Nord-Ouest du Nouveau-Brunswick et dans la Péninsule acadienne. L’étude de cas inclut une étude de documents, de politiques, de feuilles de route conçues par les municipalités participantes au projet et des interviews avec des acteurs clés. Il est à noter que dans le cadre de la série d’entretiens, les représentations des acteurs ont été recueillies a postériori, c’est-à-dire après l’introduction de l’échelle.
L’échelle est ici entendue comme un instrument d’action publique qui se déploie dans une arène et à travers les interactions d’acteurs individuels, associatifs et institutionnels. Les résultats montrent le caractère potentiellement innovateur de l’échelle étant donné sa flexibilité dans l’usage et
l’interprétation que peuvent en faire des municipalités. En outre, l’échelle a permis aux acteurs de se donner une lecture commune de la situation de l’immigration dans leur région et surtout de se
sensibiliser à cette question. Cet instrument a créé un esprit de collaboration, de nouveaux liens entre les municipalités et différents secteurs dorénavant appelés à travailler ensemble. Le retour sur l’utilisation de l’échelle a également mis en évidence un type de gouvernance en matière d’immigration qui demeure étroitement associé aux enjeux de développement économique régional et à la repopulation de la province. En ce sens, une tension entre une vision strictement économique et utilitaire de l’immigration, non étrangère aux orientations des politiques fédérales des dernières années en la matière, et une vision d’économie sociale du développement local où les dimensions de l’échelle ayant trait à la participation et la représentation politiques des nouveaux arrivants sont présentes, est notée